lidice opération anthropoid prague

Le village de Lidice a connu une véritable tragédie durant la Seconde Guerre mondiale. Le 10 juin 1942, il est entièrement rasé par les nazis en représailles à l’attentat contre Reinhard Heydrich, haut responsable du Protectorat de Bohême-Moravie. 

Son site commémoratif est accessible facilement depuis Prague en transports en commun. Nous l’avons visité en juin 2025 et on tenait à vous partager son histoire avec vous. 

Où se trouve le village de Lidice ?

Le site commémoratif de Lidice se trouve à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Prague. C’est ici, sur l’emplacement du village détruit en 1942 par les nazis, que l’on peut aujourd’hui parcourir un vaste espace de mémoire, avec ses monuments, son musée et ses jardins. 

Mais Lidice, ce n’est pas seulement un mémorial figé dans le passé. Un nouveau village a été reconstruit dès la fin des années 1940, à environ 300 mètres à l’ouest de l’ancien emplacement. 

Lidice ne compte pas plus de 500 habitants. Il y a un lac juste à côté. C’est un lieu paisible qui invite au recueillement et à la réflexion. 

Comment se rendre au site commémoratif de Lidice en transport en commun ?  

site commémoratif lidice
© les voyageurs cinephiles

Lors de notre visite, nous y sommes allés en voiture, mais il faut savoir qu’un arrêt de bus se trouve juste à l’entrée du site commémoratif. Si vous préférez les transports en commun, le plus simple est de combiner métro et bus pour gagner du temps. Prenez d’abord la ligne A du métro jusqu’à la station Nádraží Veleslavín, puis montez dans le bus 300, qui vous déposera à Lidice en environ 15 minutes. Le trajet complet, métro + bus, ne vous coûtera qu’environ 40 CZK (soit à peine 1,60 €).

Que voir à Lidice ?

Sur le parking, vous trouverez de quoi vous rafraîchir avant la visite : boissons, glaces, quelques snacks… En Tchéquie, c’est presque une règle d’or : jamais un parking sans son stand à glace ! Et c’est presque pas une blague. 

En prenant la direction du site, on arrive rapidement sur une grande esplanade qui domine tout le terrain où se trouvait autrefois le village. De là, on a une vue d’ensemble impressionnante sur l’étendue du mémorial. On y trouve aussi des toilettes gratuites et une fontaine.

Lors de notre passage, une très belle exposition de photos sur le drame d’Oradour-sur-Glane y était installée. Elle ne semblait pas permanente, donc il est possible que vous tombiez sur une autre exposition temporaire lorsque vous viendrez.

Avant de descendre vers les champs et les monuments, on vous recommande de commencer la visite par le musée. L’entrée est gratuite, et les salles sont remplies de panneaux explicatifs retraçant l’histoire du village, sa destruction en 1942, et plus largement le contexte de l’opération Anthropoid. 

Le musée possède également une petite salle de cinéma, où vous pouvez visionner un film documentaire composé d’images d’archives. Petit bonus : il est possible de le sélectionner en langue française ! 

statue des enfants de lidice
© les voyageurs cinephiles

On a aussi pu admirer sur le site quelques œuvres d’art vraiment marquantes. La plus impressionnante, sans hésiter, c’est la sculpture des enfants tués de Marie Uchytilová : 82 statues en bronze, 42 filles et 40 garçons, légèrement plus grandes que nature, tournées vers la vallée où se trouvait l’ancien village. L’artiste a consacré plus de vingt ans à ce projet, commencé dans les années 1980, et c’est son mari qui l’a achevé en 2000 après son décès. 

Mais Lidice, c’est aussi d’autres sculptures poignantes, comme celle d’une femme en deuil agenouillée près de la tombe des hommes fusillés, une mère serrant son enfant contre elle, près des ruines de l’ancienne école, ou encore une figure protégeant son visage des flammes à l’emplacement de l’église détruite à la dynamite. Dans la roseraie, on tombe sur Peace, une sculpture de Karel Hladík représentant un garçon et une fille, symbole universel de réconciliation.

En se promenant, on découvre également quelques traces physiques de l’ancien village : ici, une pierre unique marquant l’emplacement de la toute première maison incendiée ; là, ce qu’il reste des fondations de l’église. Et proche de l’église dynamitée, la seule chose vivante qui a survécu à la guerre, un vieux poirier. Aujourd’hui, il est devenu l’« arbre de la paix » national.

D’autres images du site dans notre vidéo : 

L’histoire du village de Lidice

Après l’assassinat de Reinhard Heydrich, le 27 mai 1942, les nazis déclenchent une vague de représailles d’une brutalité extrême. 

Le 10 juin 1942, les soldats encerclent le village au petit matin après que des rumeurs aient circulés sur la présence des résistants à Lidice. Tous les hommes âgés de plus de 15 ans sont arrêtés et conduits dans une ferme voisine. Là, par groupes de dix, ils sont fusillés contre le mur de la grange. Les femmes sont séparées, envoyées au camp de concentration de Ravensbrück. Les enfants, arrachés à leurs mères, sont triés : quelques-uns, considérés comme « rééducables », sont intégrés au programme Lebensborn. La grande majorité (82 enfants), sont déportés au camp d’extermination de Chełmno et assassinés dans des camions à gaz.

Au total, 192 hommes, 60 femmes et 82 enfants périssent. Seules 143 femmes et 17 enfants reviendront après la guerre.

lidice
© les voyageurs cinephiles

Les nazis ne se contentent pas de tuer les habitants. Ils incendient chaque maison, dynamitent les ruines, arrachent les fondations. L’église est détruite à l’explosif, le cimetière profané, les tombes nivelées. Les arbres fruitiers sont abattus, le bétail massacré. Le village disparaît littéralement de la carte : il ne reste qu’un terrain vide. 

Ce massacre devient un symbole international de la barbarie nazie. Après la guerre, un vaste mouvement de solidarité mondiale se met en place. Sous le slogan « Lidice vivra », des dons affluent, notamment du Royaume-Uni, pour reconstruire le village. On entend parler de l’événement jusqu’au Mexique et au Brésil, au point qu’une ville porte son nom. 

Entre 1947 et 1949, un nouveau Lidice sort de terre, quelques centaines de mètres à l’ouest de l’ancien emplacement, tandis que le site d’origine reste un lieu de mémoire ouvert à tous.

D’autres lieux de mémoire de l’opération Anthropoid

Le mémorial de l’Opération Anthropoid

Après la visite de Lidice, on vous conseille de vous rendre au Mémorial de l’Opération Anthropoid pour mieux comprendre toute la portée de cet événement historique. 

Situé à Prague, ce mémorial rend hommage aux parachutistes tchèques et slovaques qui ont mené l’attentat contre Reinhard Heydrich, figure clé du régime nazi en Bohême-Moravie. Pour s’y rendre depuis Florenc, rien de plus simple : prenez le tram 3 et descendez à l’arrêt Vychovatelna. 

monument anthropoid prague
© les voyageurs cinephiles

Vous vous retrouvez alors dans le quartier de Libeň, un endroit qui a beaucoup changé depuis 1942, l’ancien virage ayant été transformé en entrée de bretelle d’autoroute.

Malgré ces transformations, le mémorial est impressionnant. Il retrace avec une grande précision le déroulé de l’opération et le parcours de leur fuite.

Le 27 mai 1942, vers 10h35, Heydrich circule dans sa voiture décapotable sur une route de Prague, à l’endroit précis où se trouve aujourd’hui le mémorial. Gabčík tente d’abord de tirer sur lui avec son pistolet-mitrailleur, mais l’arme se bloque. Kubiš lance alors une bombe artisanale, qui explose près de la voiture. Heydrich est gravement blessé par les éclats, notamment à la tête et au bras, et succombe à ses blessures quelques jours plus tard, le 4 juin 1942.

L’église Saints-Cyrille-et-Méthode

Après Lidice, le deuxième lieu le plus saisissant à visiter est l’église Saints-Cyrille-et-Méthode à Prague. C’est dans cette église que se sont réfugiés les organisateurs de l’attentat contre Reinhard Heydrich : Jan Kubiš, Jozef Gabčík, Josef Valčík, Josef Bublík, Karel Čurda, Adolf Opálka et Jan Hrubý. Tous de jeunes résistants, fauchés dans leur vingtaine, qui ont choisi de lutter contre l’occupant nazi dans des conditions terribles. L’église porte encore les traces de cette dernière traque. On peut voir les impacts de balles laissés par les nazis lors du siège de la bâtisse. À l’intérieur, la crypte, où se sont cachés les résistants, est désormais un mémorial. Une exposition très détaillée y retrace la période sombre de la Tchécoslovaquie sous Heydrich et décrit la phase d’entraînement des résistants. 

église prague après opération anthropoid
© les voyageurs cinephiles

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