Dans un monde où l’évasion est à portée de clic, une nouvelle tendance de voyage émerge, envoûtante et captivante : le ciné-tourisme. Oubliez les destinations classiques, car cette fois, vous ne serez pas seulement un simple touriste. Vous deviendrez le héros de votre propre film, évoluant au cœur des décors emblématiques qui ont marqué l’histoire du cinéma.
Le ciné-tourisme, ou « tourisme de cinéma », transcende les frontières de l’écran pour vous plonger dans une réalité parallèle.
Vous ne le savez peut-être pas, à moins bien sûr que vous suiviez régulièrement les vidéos de notre chaîne, notre passion c’est de trouver des lieux de tournages et vous partager nos trouvailles.
Dans cet article, on ne vous emmène pas découvrir les décors réels d’une scène de film. On vous invite à traverser l’écran pour voyager différemment. Bienvenue dans le monde fascinant du tourisme cinématographique !
Voyage et cinéma : un tourisme émergent
Une brève définition d’une nouvelle forme de tourisme
Le ciné-tourisme est une expérience immersive qui attire les cinéphiles passionnés à travers le globe. En visitant les lieux de tournage réels de films et de séries télévisées, les ciné-touristes ont l’opportunité unique de se connecter avec les œuvres qui les ont profondément marqués.
Outre les décors de films, les ciné-touristes peuvent également explorer des lieux ayant une signification historique pour le septième art. Par exemple, le Musée de l’Académie du Cinéma à Los Angeles offre aux visiteurs un aperçu des coulisses du cinéma avec des expositions interactives sur l’histoire du cinéma et les processus de production. Et bien sûr, de nombreuses reliques sont visibles dans l’incroyable musée Cinéma et Miniature de Lyon.
Le ciné-tourisme va au-delà des lieux de tournage. Il influence notre perception du monde.
Le film « Lost in Translation », réalisé par Sofia Coppola en 2003, exerce une influence profonde sur la volonté du spectateur de visiter Tokyo. Grâce à sa représentation saisissante de la vie urbaine tokyoïte, l’atmosphère envoûtante du film éveille une curiosité et une connexion émotionnelle chez les spectateurs.
En se laissant transporter par l’univers magique de Miyazaki, les ciné-touristes développent un attachement émotionnel profond pour le Japon, ce qui les motive à entreprendre un voyage réel pour explorer ces lieux emblématiques et se connecter davantage avec la culture et la tradition locales. Notre propre expérience en est un exemple concret, car après avoir été captivés par le film Pixar « Luca », nous avons réservé notre voyage pour les Cinque Terre en Italie quelques jours seulement après sa projection.
Voyage et cinéma : historique de ce nouveau tourisme culturel
Avant l’avènement des influenceurs voyage sur les réseaux sociaux, certains vacanciers étaient déjà en quête d’inspiration auprès des stars de cinéma et de vieux magazines glamour pour orienter leurs choix de destinations.
Les années 50 et 60 ont été marquées par l’engouement pour les lieux fréquentés par des icônes du cinéma telles que Marilyn Monroe à Hollywood ou Brigitte Bardot en France. Les voyageurs curieux cherchaient à se plonger dans l’ambiance des films culte de l’époque, comme Breakfast at Tiffany’s (1961) avec Audrey Hepburn à New York. C’était là une forme de prémices au ciné-tourisme, bien que l’on ne puisse pas établir un véritable historique de cette tendance naissante, mais plutôt identifier des périodes marquantes.
Aux États-Unis, le milieu des années 60 a vu l’émergence du ciné-tourisme se concrétiser davantage. En 1964, le parc Universal Studios a ouvert ses portes aux visiteurs, leur offrant la possibilité de découvrir les coulisses de l’industrie cinématographique et de se plonger dans l’univers des films et des séries. Cet attrait pour les plateaux de tournage et les lieux emblématiques du cinéma a été l’un des catalyseurs du développement du ciné-tourisme aux États-Unis.
En Europe, il a fallu attendre les années 80 et 90 pour que des idées de tourisme cinématographique commencent à se développer de manière significative. La surconsommation de la télévision et des écrans a contribué à populariser certains lieux de tournage de séries télévisées cultes. Un exemple notable est le phénomène Doctor Who au Royaume-Uni, où les fans de la série ont commencé à visiter des endroits emblématiques liés à la série.
Ces différentes périodes montrent l’intérêt grandissant des gens pour l’exploration des lieux liés au cinéma et à la télévision, et comment cela a jeté les bases du ciné-tourisme moderne, qui s’est depuis largement développé grâce à l’influence des réseaux sociaux et des nouvelles technologies de communication.
Etes-vous prêts à devenir, vous aussi, des ciné-touristes ?
Bien sûr, il y quelques destinations incontournables, dont les taux de fréquentations ont explosé suite à la sortie d’un film ou d’une série. Ce n’est pas pour rien que Dubrovnik, ou King’s Landing soit cité maintes et maintes fois lorsque l’on parle de tourisme de cinéma.
De même, la Nouvelle-Zélande est devenue un haut-lieu du ciné-tourisme grâce à la trilogie Le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson. Les paysages époustouflants de la Terre du Milieu, tels que le Tongariro National Park et Matamata (pour son fameux village de Hobbit), attirent des milliers de ciné-touristes chaque année, leur permettant de revivre les aventures des hobbits, des elfes et des magiciens dans la Terre du Milieu.
Certains lieux de tournage sont uniquement accessibles par visites guidées, d’autres sont difficiles d’accès. C’est notamment le cas pour le village fictif d’Augsbourg du film Hansel et Gretel : Witch Hunters. Le plateau de tournage a été abandonné, mais laissé quasi intacte, quelque part dans la forêt près de Berlin. Et d’autres encore pourrait bien disparaître un jour.
Le plateau de tournage de Skull Island au Vietnam a été démantelé sur recommandation de l’UNESCO en septembre 2019, car il était situé dans la zone centrale d’un complexe calcaire du site du patrimoine de l’UNESCO dans la province de Ninh Binh. Initialement ouvert gratuitement aux visiteurs après la sortie du film en 2017, le site avait perdu en popularité au fil des années.
Impacts positifs du ciné-tourisme sur les destinations
Cette quête de lieux de tournage célèbres engendre une augmentation significative des flux touristiques vers des destinations qui, autrement, n’auraient peut-être pas bénéficié d’une telle visibilité. De nombreux territoires, jusque-là méconnus du grand public, voient ainsi leur patrimoine culturel, naturel et architectural mis en valeur, offrant aux communautés locales une opportunité de prospérer grâce à cette affluence inattendue de visiteurs.
L’Irlande du Nord n’a jamais connu un tel engouement touristique depuis la série Game of Thrones et le film Donjons et Dragons (2023), dont certaines scènes ont été tournées dans des lieux emblématiques tels que Castle Ward, la forêt de Tollymore et Ballintoy. Ces productions cinématographiques ont propulsé ces lieux sur la carte du ciné-tourisme, attirant des visiteurs du monde entier.
Un autre exemple, insolite pour le coup, est le Kazakhstan. Ce pays autrefois peu populaire en termes de tourisme a connu une véritable explosion de venus de visiteurs après la sortie du film Borat.
Selon les déclarations du ministre Ierjan Kazykhanov lors d’une session du Parlement, le nombre de visas accordés par le Kazakhstan a été multiplié par dix après la sortie du film. Cette forte augmentation a permis de dynamiser l’économie locale et de créer de nouvelles opportunités d’emplois dans le secteur du tourisme.
Le Maroc et la Tunisie ont également bénéficié d’un peu de manne touristique.
Depuis leur création, les studios de cinéma Atlas, au Maroc, ont accueilli les tournages de plusieurs films célèbres. Dans les années 1980, ils ont servi de décors pour les films Le Diamant du Nil et Tuer n’est pas jouer. Les années 1990 ont été marquées par le tournage d’une partie du film La Momie dans ces studios pittoresques. Au début des années 2000, Ridley Scott a choisi les Studios Atlas pour tourner des scènes de Gladiator et Kingdom of Heaven. Durant la même décennie, ces studios ont été le lieu de tournage de films tels qu’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre.
Star Wars a eu un énorme impact sur le tourisme en Tunisie, notamment grâce au tournage de scènes emblématiques de la saga dans le désert de la région de Tozeur. En 1976, le réalisateur George Lucas a choisi les paysages désertiques de la Tunisie, notamment les dunes de sable de Matmata, Tataouine et Chott el Jerid, pour représenter la planète Tatooine
Les habitants locaux ont su capitaliser sur cette notoriété soudaine en développant des circuits de ciné-tourisme, proposant aux visiteurs des visites guidées sur les lieux de tournage et des expériences immersives inspirées de l’univers Star Wars. De nombreux hôtels et auberges ont également adopté des thématiques liées à la saga, offrant aux visiteurs une expérience unique et mémorable.
L’impact négatif d’un tourisme commercial
Mais finalement, tout comme dans le cinéma, la visite de lieux de tournages et des studios n’accentueraient pas l’artifice d’un lieu ? Ne mettons pas à mal l’authenticité de ces régions du monde ? Est-ce que le ciné-tourisme se soucie vraiment des populations locales ?
L’exemple le plus marquant, et maintes fois cité tant le problématique est grande, c’est Dubrovnik, en Croatie.
Depuis la sortie de la série Game of Thrones en 2012, cette ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco, a connu une explosion du tourisme qui a perturbé la vie quotidienne de ses 40 000 habitants.
Chaque jour, les rues de la vieille ville sont envahies par des centaines de voyageurs, rendant la circulation impossible. Les habitants se retrouvent pris au piège dans un flot incessant de touristes, ce qui perturbe leur quotidien et leur qualité de vie. Les rues étroites et pittoresques de la cité médiévale, autrefois paisibles et tranquilles, sont maintenant bondées et bruyantes, faisant disparaître le charme d’autrefois.
Maya Bay, rendue célèbre par le film La Plage de Danny Boyle avec Leonardo DiCaprio, a été fermée jusqu’en 2021 pour permettre une restauration complète des récifs coraliens détruits par le tourisme de masse. Située sur l’île de Koh Phi Phi Ley près de Phuket, elle accueillait autrefois environ 5 000 visiteurs par jour, créant une catastrophe écologique avec une érosion sévère et des dégâts aux coraux dus à la pollution des moteurs de bateaux.
Après huit mois sans visiteurs, la plage commençait déjà à se rétablir partiellement, avec certaines parties des coraux en voie de reconstitution.
Le nombre de visiteurs est limité, et les bateaux n’ont plus l’autorisation d’y stationner. Ces mesures sont prises pour préserver l’écosystème fragile de la plage paradisiaque et assurer sa protection à l’avenir.
La saga Twilight a attiré une attention nationale puis internationale sur les villes de Forks et La Push. Le tourisme a explosé, passant de 75 visiteurs par mois à 2 000 à 4 000 par mois en 2008, transformant fondamentalement Forks et suscitant des débats entre partisans et détracteurs concernant ses impacts économiques et culturels.
La principale cause de l’opposition au tourisme Twilight est la perception locale que cela dénature la culture de Forks et perturbe la vie des résidents. L’afflux de milliers de touristes met à rude épreuve l’infrastructure limitée de la ville, engendrant des problèmes de circulation, d’attente dans les commerces, et des intrusions dans les résidences privées ressemblant à la maison des Swan de Twilight. Certains estiment que l’image de Forks présentée par Meyer est inexacte et que les touristes imposent ces croyances à la ville. Meyer, qui n’avait aucune relation avec Forks avant d’écrire Twilight, a choisi cet endroit pour son climat pluvieux, ce que les critiques locaux considèrent comme une réduction de la ville à cette caractéristique climatique.
Enfin, les membres de la tribu Quileute, proches de La Push, expriment leurs inquiétudes concernant l’atteinte à leur vie privée et l’exploitation culturelle par les touristes de Twilight. En 2010, MSN.com a confirmé ces craintes en filmant des tombes sacrées lors d’une visite virtuelle promotionnelle de la série. Cette transgression reflète le problème plus vaste de l’exploitation de la culture indigène par les touristes.
Le ciné-tourisme émerge comme une autre forme de tourisme de masse, suscitant à la fois des opportunités économiques et des défis majeurs pour les destinations concernées. Comme pour tout type de tourisme, il faut prendre en compte les problématiques engendrées par cette pratique et de rechercher des solutions éthiques.
Plus récemment, le film Prime Video Saltburn de Emerald Fenell suscite la colère des propriétaires du véritable manoir du film. En effet, la Drayton House située dans le Northamptonshire est envahie de fans du film. Ils font des vidéos de danse TikTok sur le morceau de nouveau rendu célèbre Murder on the dancefloor de Sophie Ellis-Bextor.
Un ciné-tourisme éthique ?
L’idée que le ciné-tourisme conduit, dans certains cas, à un surtourisme destructeur, on peut se demander si l’attrait pour les lieux de tournages est en opposition avec un éco-tourisme.
L’éco-tourisme au sein du ciné-tourisme est une approche responsable et durable qui vise à préserver la beauté de notre planète tout en célébrant le patrimoine cinématographique régional. Les autorités locales jouent un rôle crucial dans la mise en place de mesures de préservation et de gestion du tourisme pour assurer un impact positif sur l’environnement.
En tant que visiteurs, nous pouvons certainement contribuer à préserver les sites naturels en adoptant des comportements responsables.
Nous pouvons par exemple participer à des visites guidées sur des lieux de tournage. Les visites organisées visent à limiter les fréquentations et le surnombre sur un même site naturel. Certes, cela à un coût, mais l’expérience n’en est que plus enrichissante.
Par exemple, pour Game of Thrones (probablement la meilleure manière de découvrir les paysages fascinants de l’Irlande, de la Croatie, de l’Islande ou encore de l’Espagne), vous pouvez être accompagné par un expert en la matière.
Nous vous parlerons dans un prochain article de notre expérience avec le Game of Thrones Tour en Irlande, en partance de Dublin.
Certaines régions du monde, très utilisées pour ses décors naturels dans les productions cinématographiques disposent de moyens de transports en commun qui dessert certains lieux de tournage.
Un exemple marquant d’éco-tourisme au sein du ciné-tourisme est La Mélodie du Bonheur. Ce film emblématique a été tourné dans des lieux pittoresques de Salzbourg, en Autriche, offrant ainsi une occasion unique de vivre une expérience cinématographique tout en respectant l’environnement.
Certains des lieux de tournage les plus célèbres, toujours très prisés par les nostalgiques du film, sont facilement accessibles à pied ou à vélo, ce qui vous permet de vous déplacer de manière écologique tout en admirant les magnifiques paysages.
Un de ces sites emblématiques est la célèbre colline où Maria chante la légendaire chanson « The Sound of Music ». Située à Salzbourg, cette colline offre une vue panoramique incroyable sur la ville et les montagnes environnantes. Vous pouvez facilement y accéder à pied depuis le centre-ville, en vous laissant immerger dans l’atmosphère magique du film.
La commune met également à disposition des vélos pour vous rendre vous-même sur les différents lieux emblématiques du film comme la basilique de Mondsee et son lac, le château de Leopoldskron, qui a servi de décor pour la résidence de la famille Von Trapp dans le film ou l’impressionnante structure de l’École d’équitation d’été où Christopher Plummer chante « Edelweiss » à la fin du film.
Le ciné-tourisme ouvre une nouvelle dimension passionnante au voyage. Cependant, il est essentiel de veiller à ne pas adopter des comportements irrespectueux envers les communautés locales et l’environnement. Encourager cette forme de tourisme tout en le contrôlant de manière responsable par les autorités locales est la clé pour préserver les lieux de tournage et les régions visitées. Avec la popularité croissante des films et des séries diffusés sur différentes plateformes, le ciné-tourisme est voué à se développer davantage au fil des années, offrant aux régions du monde une opportunité de développer de nouvelles formes d’économie en proposant des expériences cinématographiques uniques et durables.